dimanche 11 octobre 2009

Optimisme professionnel


Les heures souterraines de Delphine de Vigan

Mathilde élève seule ses trois enfants et occupe dans une grande société un emploi de cadre qui la passionne. Jusqu'au jour où suite à un simple différent professionnel, son chef de service se met à la harceler, d'abord insidieusement puis ouvertement, jusqu'à la pousser à bout...
Thibault est médecin urgentiste, il vient de quitter Lila, parce qu'elle ne l'aime pas alors que lui est fou d'elle, il est fatigué de sa vie et de son métier, dans lequel il ne fait que croiser le désespoir des gens.
Ces deux là vont-ils se rencontrer?

Le dernier livre de Delphine de Vigan n'est pas un chef d'œuvre mais il dépeint dans le détail les mécanismes de l'entreprise, les abus de pouvoir, la lâcheté des collègues qui ont peur pour eux-mêmes, les vexations minuscules qui empêchent de dormir... Dans ce contexte noir, je retiens pour "ma profession à moi que j'aime" que quand Mathilde pense s'en sortir, elle s'imagine.... à la bibliothèque!

Extrait:
p.237 "Elle a pensé que sa vie allait peut-être reprendre son cours. Qu'elle allait redevenir elle-même, retrouver l'ampleur se des gestes, le plaisir d'aller au travail et celui de rentrer chez elle. Qu'elle ne passerait plus des heures allongées dans l'obscurité, les yeux grands ouverts, que Jacques [son chef] allait sortir de ses nuits aussi vite qu'il y était entré, qu'elle aurait de nouveau des histoires à raconter à ses enfants, qu'elle les emmènerait à la piscine et à la patinoire, qu'elle recommencerait à improviser des diners de restes auxquels elle donnerait des noms farfelus, paserait des après-midi entiers avec eux à la bibliothèque."

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est exact...ce roman n'est pas un chef d'œuvre mais il est bien écrit et plutôt bien mené.
En revanche, pour la lectrice que je suis qui fuit la médiocrité de l'environnement de l'entreprise grâce à la lecture, cela n'était pas "distrayant"...dans la mesure où tout ce qui est raconté du monde de l'entreprise, je le vis au quotidien...
A ne lire que si vous avez un moral d'acier...ou bien que vous n'êtes pas concernés par la tendance marquée des entreprises privées à broyer ses salariés qui ne sont plus vus comme des individus mais comme des particules d'une masse salariale...et de faire penser que "Les temps modernes" auront la vie longue même si c'est transposé à des activités du tertiaire...
Et de constater, avec effroi, que le travail au bureau peut aussi bien mutiler ou tuer qu'une machine...mais c'est plus insidieux parce que c'est souterrain.
SO