dimanche 28 février 2010

Médiathèque ou Superette ? par Soso





Cela n’aura sans doute pas échappé aux professionnels du livre et aux lecteurs avertis que vous êtes : cette année est le cinquantième anniversaire de la mort d’Albert Camus…et dans le village à côté du mien, dans l’Héraut, vient d’être inaugurée la « Médiathèque Albert Camus » de Clapiers. [Soso n'est plus de Marseille, mais de Montpellier maintenant!]

Cette médiathèque est un bâtiment flambant neuf, de 1232m² exactement, idéalement situé à l’entrée de village de Clapiers, facile d’accès avec un parking, à côté d’un axe routier emprunté par les habitants des villages alentours qui travaillent à Montpellier. Un signe architectural fort donc, mais surtout une propagande à peine déguisée de la communauté de communes puisque seule l’enseigne géante « Montpellier agglomération », à l’arrière du bâtiment, est visible depuis le rond point. Je m’étais dit « admettons, c’est de bonne guerre…la culture est un acte politique ».

Dès l’ouverture, je me suis inscrite avec enthousiasme, au plein tarif de 10 €, en faisant fi de la réduction du pass ‘agglo! Je venais de m’offrir à prix modique un passeport pour la culture sur le chemin entre la maison et le travail. J’me voyais déjà, en sortant du travail, aller lire la presse, féminine ou internationale selon l’humeur, emprunter un DVD, une comédie musicale américaine ou un film d’auteur selon la fatigue, et peut être même rencontrer des personnes avec qui j’aurais eu des centres d’intérêts communs. En un mot, ou plutôt un néologisme à la mode: « sociabiliser ».

Aussi, quelle ne fût pas ma déception lorsque j’ai découvert, incrédule, juste après m’être inscrite qu’il n’y avait pas de banque de prêt ni de retour ! La lectrice que je suis doit enregistrer elle-même ses retours et ses prêts grâce à des bornes automatisées. Et me voilà transformée de lectrice enthousiaste à lectrice en colère ! Non pas que je ne sois pas capable d’utiliser ces bornes, je sais lire et suivre les instructions sur un écran, mais d’une part : ça me fait royalement chier d’avoir affaire à une borne informatique alors que mes journées de travail se passent seule et face à un écran d’ordinateur ; d’autre part : cela exclut les lecteurs moins familiers avec ces technologies et il faudra de toute façon les aider (j’ai observé hier qu’un enfant de 8 ans, le bras dans le plâtre, était plus à l’aise, qu’une dame valide ayant passé la 60e) et enfin : quelle différence y-a-il entre un loueur de DVD par exemple et une médiathèque…si ce n’est la qualité du fonds et le conseil ?

Je ne m’exprime pas en tant que professionnelle du livre, ce n’est pas mon métier, mais en qualité d’usager. Je réfute tout de suite, presque violemment, l’argument qui m’a été servi « nous ne sommes plus à la banque prêts/retours, qui le samedi a des allures de caisse de supermarché, pour être au service des lecteurs dans les salles ». En effet, dans chaque salle il y a une banque très haute, qui oblige les bibliothécaires à être juchés sur un tabouret haut ou à rester debout, avec un poste informatique. Cela met le lecteur en position d’intimidation si ce n’est d’infériorité. L’argument pourrait tenir si les bibliothécaires maitrisaient leur fonds en réalisant, par exemple, qu’il manque l’intercalaire 9.94 mais que le CD est bien dans le bac ou en n’allant pas consulter le site de la FNAC pour retrouver une référence.

Je ne comprends pas ce choix qui, de mon point de vue, déshumanise la médiathèque qui devient un lieu de consommation puisqu’il n’y a plus d’échange. A ce point, qu’hier, je n’ai eu à dire ni « bonjour » ni au « revoir » à qui ce que ce soit, et même pas à échanger deux trois mots puisque la seule information qu’il fallait me donner, à savoir : il n’est possible dorénavant d’emprunter qu’1 seul DVD au lieu de 2 DVDs par carte, j’ai du la lire sur une affichette ! Et j’étais seule à la borne. Je ne saisis pas la différence avec d’aller en vitesse à Carrefour, pour 2 articles précis, et de passer aux caisses automatisées avec paiement par carte bancaire. Je n’ai rien appris, rien découvert…j’ai consommé : 1 DVD et 1 CD dont j’avais les références !

A ce stade de la lecture, si vous m’avez suivie !, vous devez vous demander : « comment le lecteur fait-il ses réservations ? », réponse : par Internet ; « comment est-il prévenu que le document réservé est disponible ? », réponse : par SMS ; « comment le lecteur peut-il faire une suggestion d’achat ? », réponse : par Internet ; « comment le lecteur est-il informé des animations de la médiathèque », réponse : par courriel. Parce ce que c’est bien connu, et là je ne peux m’empêcher cette digression (Elo fera des coupes si elle veut !) tous les foyers français sont équipés d’Internet et tous les abonnés de bibliothèque ont un téléphone portable ! Allez, je vous l’accorde : j’exagère le trait puisque toutes les « ménagères de 40 ans et plus » ont un téléphone portable sauf moi et que tous les villages de l’est de l’agglomération de Montpellier ont intégrés récemment la zone de dégroupage ! Et c’est sans compter qu’à « bobo land » on est écolo tout en étant suréquipé en haute technologie…alors, effectivement , je ne vois pas où le bât blesse.

Et Albert Camus dans tout ça ? Ben… Albert, il est très beau sur la photo, clope au bec, à l’entrée de la Médiathèque…une chance que les lobbies anti cigarette n’aient pas réalisés qu’on avait placardé ce portrait là de Camus, et pas un autre, sinon ils auraient fait retoucher la photo ! S’il n’avait pas roulé aussi vite dans sa voiture, sans ceinture ni airbag dans les années 60, qu’il en est mort, il serait sans doute peu ravi de constater que son œuvre écrite est exposée dans le hall d’entrée, à côté de la porte des chiottes, avant les portes vitrées automatiques donnant accès à la bibliothèque. Une mise en valeur archaïque dans une vitrine plate horizontale, le degré zéro de la scénographie, pour un hommage médiocre…et Camus n’est plus un grand écrivain français mais devient une affiche de pub, une marque, un sigle…comme au supermarché.

*SO*


pS n° 1 : …de mentionner qu’il y avait une bibliothèque municipale à Clapiers qui est fermée depuis l’ouverture de la médiathèque…et une lectrice du village, constatant que tous les documents sont flambants neufs, de demander où étaient les livres de l’ancienne bibliothèque et la collection de DVD offert par un lecteur…Réponse : au pilon ! C’est quelque chose que je n’ai jamais compris…passer au pilon des livres ! Je sais qu’il ya une question de vétusté du fonds et qu’on ne peut pas déséquiper des livres pour les donner…mais quand même il devait bien y avoir des livres « récupérables » ! C’est, là encore, une logique de consommation…me semble-t-il…


ps n°2 :

Que les seuls journaux en langues étrangères sont VOCABLE anglais et Espagnol…et que tous les autres supports sont informatiques…bon, ben autant rester à la maison et lire les journaux sur internet !

So-qui-regrette-de-s’être-abonnée !

mercredi 24 février 2010

Ski et rigolade

De retour d'Ancelle, un peu précipité car à 5 en hiver dans 20m² avec deux enfants sur trois qui ne marchent pas dans la neige, c'était un peu ambitieux!!! Enfin Nico a fait deux jours de ski de fond et Igor et moi avons dévalé les pistes de ski de piste, avec grand plaisir car Igor se débrouille très bien pour prendre le tire-fesses et maitrise ses trajectoires comme un chef! Je n'étais pas remonté sur les skis depuis longtemps (au moins 10 ans, au secours!!!), et c'était chouette, l'année prochaine je m'y remets sérieusement avec Igor!!


Voici une photo des deux champions et en prime une petite vidéo du rire d'Alma quand ses deux frères font les imbéciles à côté d'elle (je précise que les grands jouent à se toucher avec un doudou qu'ils lancent à tour de rôle et quand le doudou les touche, ils sont morts,donc!).

lundi 15 février 2010

Extrait

Pas le temps pour les photos, ni pour les impressions de vie à 5, ni pour les témoignages d'une vie de bibliothécaire dans un quartier difficile, heureusement qu'il y a les amis pour penser à alimenter la rubrique : comment sont décrites les bibliothécaires dans les livres...
Voici donc une contribution de Anne D., ancienne bibliothécaire à Gières, actuellement en recherche d'emploi dans le nord-ouest. Merci, Anne.

Les Démons sont éternels / Simon R. Green . - Editions l’Atalante

Pages 206 à 208


Ante Scriptum (je ne sais pas si ça se dit) : le bibliothécaire, William, sort tout juste d’un asile de fous…


[ …] Je l’emmenais dans la bibliothèque, et déjà son visage s’éclaira. Il parcourait les allées, souriant à certains livres et grommelant que c’était mal rangé. Il se tenait plus droit, semblait moins absent et moins hésitant. En retrouvant son terrain familier, il redevenait un peu lui-même.

[ …]

Quand je le jugeais prêt, je le conduisis au fond de la pièce, devant le tableau qui représentait la bibliothèque disparue. Je l’ouvris d’un Mot ; nous pûmes traverser l’image et accéder à la pièce secrète qui recelait les secrets familiaux et l’histoire occulte du monde. William inspira à fond et, devant les kilomètres de rayonnages, ouvrit des yeux d’enfant ravi. [ …]William sourit tout à coup ; son visage reprit vie. [ …]

« Pour vous mettre en jambes, pourriez vous vous charger d’une recherche. [ …] Prenez votre temps, pour ce soir ça ira très bien.

– Je sais, je sais, rétorqua-t-il du ton supérieur à tous les bibliothécaires. C’est toujours pareil. On veut l’impossible, et pour avant-hier au plus tard. Je suis censé travailler tout seul ? Je n’ai pas d’équipe ?

– Vous avez une équipe. Composée d’une personne : le bibliothécaire actuel. Rafe ? [ …] »

Une tête sortit d’entre deux étagères, une main fit un signe guilleret, et un jeune homme avenant nous rejoignit, tout sourire. [ …]

Il adorait son boulot et il avait littéralement défailli de bonheur en découvrant l’ancienne bibliothèque. [ …]

« Vous êtes William, j’imagine ? Vous êtes une légende dans le métier. Bon, c’est un petit métier, faut reconnaître. Mais quand même ! Dire que vous revenez juste à temps pour m’aider à me dépatouiller de tout ce bordel ! Personne n’a mis le nez ici depuis des siècles et, croyez-moi, ça se voit. J’avais demandé des gens qualifiés, mais j’ai cru tomber à la renverse quand Edwin m’a dit que vous viendriez ! [ …]

– Ne vous en faites pas, William, il finira bien par se calmer. Surtout grâce à la Ritaline qu’on glisse dans son thé.

– Mettons-nous au travail », grogna William.

Il marcha droit aux rayonnages sans plus nous accorder un regard. Rafe hocha la tête, me sourit et se précipita aux trousses de son nouveau mentor. Amusé, je regardais William l’envoyer chercher tel ou tel texte ancien et lui crier dessus comme un berger qui encourage son chien.



mercredi 3 février 2010

Légumes et bronchiolite

2 premières la même semaine pour Alma (6 mois aujourd'hui) : ses premiers légumes et sa première (et dernière!!!) bronchiolite. Même si l'alimentation est perturbée par la maladie, elle a l'air de plutôt bien apprécier les haricots verts. Côté bronche, pas de fièvre, des nuits sans trop de soucis et plein de sourires à ses frères mais une grosse toux pas jolie donc des séances de kiné et 5 jours d'éviction de la crèche!!! Heureusement papa est là (sa bibliothèque est fermée) et pépé aussi, merci!!