mardi 13 octobre 2009

Roman médical

Il n'y a pas si longtemps je travaillais à Echirolles, à la bibliothèque Pablo Neruda, qui organisait (c'est fini, snif...) le "marathon d'écriture", 24h dans la bibliothèque pour écrire une nouvelle noire. 24h pour transformer une page blanche et/ou un écran d'ordinateur en récit, 24h de solitude créatrice mais de convivialité avec les bibliothécaires et entre les participants, 24h encadrées par des contraintes d'écriture dont une donnée par un écrivain "connu".

Une année c'est Martin Winckler qui est venu, proposer une première phrase pour la nouvelle et rencontrer ses lecteurs. Martin Winckler écrit des essais sur les feuilletons américains, des polars mais aussi de longs romans où il raconte son premier métier, qu'il exerce sous son vrai nom, Marc Zaffran. Martin Winckler est médecin généraliste et s'intéresse de près à la gynécologie, au corps des femmes et à la relation (souvent mauvaise d'après lui) qui se tisse (ou pas) entre un médecin et son patient, entre un gynécologue et sa patiente. Il est l'auteur (entre autres) de "la maladie de Sachs" (repris depuis en film avec Alain Dupontel) et plus récemment de ce livre que j'ai dévoré en moins d'une semaine "le choeur des femmes", dans lequel il se sert de son expérience pour raconter comment tous les médecins ou presque (sauf lui, bien sûr, car l'homme est un brin suffisant et fier de lui...) se moquent des femmes qu'ils ont en face d'eux, de leur situation particulière et se servent de leur toute puissance pour imposer leur vision de ce qu'il faut faire, une vision apprise dans les livres, souvent fausse ou en tous cas inadaptée... Le livre est un roman, il met en scène une jeune interne qui veut faire de la chirurgie réparatrice des organes sexuels mais se retrouve obligée, avant de pouvoir exercer, de passer 6 mois dans l'unité de l'hopital où sont faites des consultations gynéco pendant lesquelles le médecin (dans le personnage duquel il faut reconnaître Martin Winckler-Marc Zaffran himself) écoute les femmes avant de leur faire une ordonnance. L'histoire romanesque, oui, bon, bof, mais toutes ces histoires de femmes confrontées à une médecine qui ne fait aucun cas d'elles et toutes les réponses que cette même médecine, si elle faisait preuve d'éthique, pourrait leur apporter, je trouve ça passionnant. Je ne sais pas pourquoi les livres de Martin Winckler me touchent autant mais j'adhère totalement à son discours sur la médecine traditionnelle d'aujourd'hui, une médecine qui applique un traitement sur un symptome, sans prendre le temps d'écouter les histoires personnelles de chacun. Le livre expose tout ça mieux que moi et souligne quand même que les "bons" médecins, ça existe!

Voilà, un long message, c'est parce que le sujet me tient à coeur. D'ailleurs, j'avais déjà parlé de ce même sujet et du même Martin Winckler, .

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'adhère complètement à ton long et juste message, j'ai d'ailleurs réservé le roman (à la Pona, point d'exemplaire à Neruda où j'ai fortement conseillé à mes collègues de l'acquérir étant donné le nbre de réservations...), je suis la prochaine sur la liste, vivement... d'ailleurs n'hésitez pas à signer pétitions pour garder les spécialités gynéco et pédiatrie en France, où elles sont en grand danger... eh oui ces choses là n'intéressent ni les hommes, ni les politiques donc imaginez les hommes politiques...On cherche à faire des économies et on racle sur des choses essentielles en renvoyant notamment les jeunes mamans au boulot... et on parle de pays développés????
Oui moi aussi c'est un sujet qui m'inspire et me fait réagir!
Caroline