vendredi 17 octobre 2008

Dur d'oreille

Parmi mes dernières lectures, un très bon David Lodge, qui se met lui-même en scène en train de devenir progressivement sourd, ce qui le place parfois dans des situations comiques, troublantes, embarrassantes et même compliquées!!! C'est drôle, frais, inventif, grave et joyeux en même temps, du vrai divertissement!
Mieux qu'une critique, j'espère que l'extrait ci-dessous (qui bien sûr, parle de bibliothèque!!!) vous donnera envie de le lire!
Je suis allé à la bibliothèque de l'université aujourd'hui […]

Je suis allé à la bibliothèque de l'université aujourd'hui […] . J'ai été choqué de découvrir que sur l'un d'eux plusieurs passages avaient été surlignés en turquoise et pas juste annotés en marge. J'ai fait remarquer ce vandalisme à la banque de prêt. "Il me parait très surprenant que quelqu'un d'assez instruit pour avoir accès à la bibliothèque universitaire fasse ça à un livre", ai-je dit. Le bibliothécaire a fait la grimace et haussé les épaules. Il a expliqué que, depuis que les étudiants pouvaient retirer eux-mêmes les livres sur un terminal d'ordinateur et les rendre en les glissant dans quelque chose qui ressemble à une trappe à linge sale dans le hall d'entrée, il n'y avait plus moyen de surveiller la façon dont les livres étaient traités. "Mais vous devez bien avoir une trace de toutes les personnes qui ont emprunté un livre sur votre ordinateur, ai-je dit. Vous ne pouvez pas les convoquer un à un et les interroger? Les vandales n'avoueraient sans doute pas mais ils ne recommenceraient plus." Il m'a dévisagé comme s'il pensait que je délirais. Peut-être que je délire un peu sur le sujet. Pour moi, la façon qu'on a de traiter un livre est une marque de civilité. Je reconnais faire parfois des petits signes au crayon dans la marge des livres empruntés à la bibliothèque, mais je les efface scrupuleusement quand je parcours les pages à nouveau et prends des notes[…]. L'épisode m'a mis d'une humeur exécrable –où est-ce qu'on va comme ça? -, état d'esprit auquel je succombe de plus en plus souvent ces temps-ci, sous l'effet de certains phénomènes comme Big Brother, les mots orduriers dans le Guardian, les anneaux vibrants pour le pénis en vente chez Boots, les noceurs qui vomissent dans le centre-ville le samedi soir, la chimiothérapie pour les chats et les chiens.




1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ce passage m'a rappellé de drôles de souvenirs : étudiante à l'Université d'Aix-en-Provence, dès la 1ere année, javais compris le défi d'être étudiante en histoire de l'art/archéologie et sans argent...
les encyclopédies d'histoire de l'art de la B.U. étaient transformées en véritable gruyère par des étudiants peu scrupuleux qui en découpaient l'iconographie...au cutter...
A l'époque, je me souviens que je m'étais plainte à un employé de la B.U. qui n'avait pu que constater les dégâts tout en étant navré...
Ce qui avait eu le don de m'énerver...à mon avis, j'avais du demander le cahier des réclamations...c'était mon truc...demander le cahier des réclamations dans tous les lieux public où je passais si il y avait (selon moi)un truc qui clochait !
Soso