Quelquefois elle flanche aussi vers 11h30, sur son assiette....
Vous me direz, elle a un bon exemple comme modèle, son papa!
Des vies, des enfants, des lectures, des films en pagaille et en partage
Une contribution de Soso au grand jeu des bibliothécaires dans la littérature...
« Richard Valence avait de l’aversion pour les bibliothèques, parce qu’il fallait s’y abstenir de tout, de faire du bruit avec ses chaussures, de faire du bruit avec ses paroles, de fumer, de remuer, de soupirer, bref de faire du bruit avec sa vie. Il y avait des gens qui disaient que ces contraintes du corps favorisent la pensée. Chez lui elles la détruisaient instantanément.
- Qui s’occupe de la section des archives de la bibliothèque ?
- En principe c’est Martelli. En réalité… c’est Maria Verdi. Elle est ici depuis au moins trente ans, on ne compte plus…elle est … incrustée, agglomérée aux murs de la Vaticane.
- Elle fait bien son travail ?
- Elle est immobile et pieuse, dit Lorenzo Vitelli, avec un soupir, on ne peut jamais rien trouver à lui reprocher.
- Ennuyeuse ?
- Très.
De la porte, il regardait Maria Verdi qui remuait des fichiers sans émettre un seul son, et qui vivait depuis trente ans comme ça, dans les murmures de cette vie retenue. Il lui fit comprendre par signes qu’il voulait lui parler. »
Extraits, recomposés de « Ceux qui vont mourir te saluent », Fred VARGAS (Edition poche chez : J’ai Lu, Policier, N°5811)
Lien sur le site officiel de la Bibliothèque Vaticane : http://www.vaticanlibrary.va/home.php
La bibliothécaire de l'accueil, une jeune femme d'environ 30 ans, blonde et assez menue, portait une blouse blanche très simple et une paire de lunettes démodées à la monture épaisse. Ses cheveux étaient ramassés sur le haut de la tête en un chignon strict et elle n'était pas maquillée. Jensen était persuadé qu'elle cachait son jeu à la perfection. Elle lui rappelait le vieux cliché cinématographique du "Mais... mais vous êtes superbe, mademoiselle Machin!" lorsque l'héroïne du film enlève ses lunettes ou détache ses cheveux pour révéler sa beauté. Une top model en puissance. [...] Quoi qu'il en fût, la beauté est intérieure, comme on dit, et la bibliothécaire adressa à Jensen un regard glacial lorsqu'il approcha, lui signifiant très clairement que sa présence n'était pas la bienvenue. […]
« En quoi puis-je vous aider, monsieur ? » demanda-t-elle d’un ton las, comme si elle avait déjà posé cette question un bon millier de fois dans la journée . A sa décharge, c’était probablement le cas.
« Je cherche un livre, répondit Jensen.
-Vous avez essayé la boucherie à l’angle de Dunn Street ? »
Oh, génial. Une comique.
« J’ai essayé, mais ils n’avaient pas le livre que je recherche. Alors j’ai tenté ma chance chez un marchand de tapis puis dans une boutique de farces et attrapes, pour finalement me rabattre sur ma bibliothèque. »
La jeune femme [...] prit assez mal le retour de service de Jensen. Le sarcasme était la seule arme dont elle disposait face aux usagers qui posaient des questions stupides : le fait qu’on lui réponde sur le même mode l’ulcérait littéralement. […]